Le blog de lextraordinaireviedenouny

Il est 0h20. A l'heure où tous les bébés dorment déjà à poings fermés depuis un bon moment et où les adultes appliquent leur dernière crème du soir ou ferment leur livre en ayant hâte de connaitre la suite. Moi je suis là dans mon lit et je pleure pour que l'on vienne me chercher. Je n'ai pas sommeil.

Ça fait bientôt deux semaines que ça dure. Je ne me suis jamais couché avant 22h avant, mais là minuit ça commence à faire long pour papa maman.

Papa essaye de se reposer dans sa chambre pendant que maman guette près de mon lit jusqu'à ce que je m'endorme. Et je pense que ce n'est pas gagné, bien que les premiers signes de fatigue se fassent ressentir : les yeux piquent, les paupières sont lourdes et les bâillement se font de plus en plus fréquents.

Mon mobile tourne, dégage une bien jolie lumière et une musique douce imitant le bruit des vagues... Je m'y croirais presque au bord de la mer. J'imagine la chaleur des rayons du soleil sur ma peau, les pieds dans l'eau. La musique se fait de plus en plus lointaine. Mes pleurs sont de plus en plus timides et espacés. Ma respiration est beaucoup plus posée. Mes gestes pour attraper mon nounours sont plus lents. Et puis le trou... Je plonge soudain dans un monde où tous les rêves sont permis et je suis bien.

Je vous présente mon Papou. Il était temps !!

La voix de papa est la première chose que j'ai connu de lui, il avait une voix très douce et posée quand il touchait le ventre de maman; je me le suis beaucoup imaginé quand j'étais au chaud dans le ventre de maman. C'était très souvent qu'il posait la main sur le joli ventre rond de maman en me parlant et je lui répondais en lui donnant un coup de pied ou un coup de poing pour qu'il sache que j'étais bel et bien là et que tout allait bien.
Puis, le jour de la rencontre est arrivée. Il était debout, à côté de maman qui me tenait fermement et maladroitement dans ses bras, ses yeux étaient fatigués, mais remplis d'émotion et de bonheur. Je l'écoutais me parler en le fixant du regard. C'était tout nouveau pour moi, je découvrais enfin les personnes qui m'avaient donné la vie. Je le voyais enfin, lui qui avait été si présent durant toute la grossesse de maman et qui l'avait soutenue, lui qui tous les soirs avant de s'endormir me glissait quelques mots "dans le creux de l'oreille", lui qui a été ému aux larmes en me voyant pour la toute première fois. Mon PAPA !! 

Mon papa est tout de suite tombé sous mon charme. Il m'a couvert de bisous et de câlins dès mes premiers jours. A la maternité, il est venu tous les jours et restait toute la journée pour profiter de maman et moi. Le matin, c'était les retrouvailles, après une nuit passée loin de lui. Il me prenait donc dans ses bras et on s'endormait tous les deux sur le lit de maman. Je me sentais confortablement bien installés sur son torse, je sentais la chaleur de son corps contre le mien qui m'a bien rassuré les premiers temps étant quelque peu perdu et inquiet dans ce nouveau monde qui s'ouvrait à moi. Il s'est occupé de moi avec beaucoup de délicatesse et d'attention et il était à l'écoute de mes moindres besoins.  

On se demande qui avait le plus envie de dormir entre les deux !!

Dès la première semaine, une relation très forte commençait à s'installer entre papa et moi. J'ai beaucoup dormi dans ses bras. Refusant de dormir dans mon lit, j'ai même dormi les trois premières nuits après notre retour de la maternité dans le lit de papa maman. 

Le congé paternité et les permissions de papa ont pris fin et il a dû reprendre le travail. Au début, je ne comprenais pas pourquoi je ne voyais plus papa pendant la journée. Mais quelle était ma joie de le revoir le soir, il arrivait et me souriait en me prenant dans ses bras. C'est maintenant devenu une habitude :  après le travail, il embrasse maman, puis me prend dans ses bras et me fait des bisous. 

Les jours passent et en grandissant, notre relation devient encore plus forte. Celle-ci évolue en même temps que je grandis. A ma naissance, il avait tendance à me protéger, puis au bout de deux mois, il a commencé à me faire sourire pour maintenant me faire rire aux éclats. 

S'il y a bien une chose que papa déteste, c'est quand je pleure et il ne supporte pas bien longtemps de m'entendre pleurer. Les trois premiers mois, quand j'avais ces vilaines coliques et que j'étais inconsolable tellement la douleur était vive, il me promenait dans la maison dans ses bras ou dans la poussette, il me gardait tout contre lui pendant des heures pour que je supporte la douleur. Ca a été une période très difficile pour tous les deux. 

C'est pareil, il déteste les visites chez le pédiatre quand il y a un vaccin parce qu'il sait que je vais avoir mal et donc que je vais pleurer. Il me dit que ça lui fait mal au coeur de me savoir triste et qu'il pourrait pleurer avec moi. 

Papa mettait tout en oeuvre dans les premiers temps pour que je souris. Il me parlait en me souriant, il agitait mes jouets devant moi, il me chantait une chanson... Les premiers sourires étaient bien timides, mais avec le temps il a trouvé le truc pour que je souris et maintenant même pour que je ris aux éclats.
Il a commencé par me faire faire une chorégraphie de Ce matin, un lapin. Qu'est-ce que j'ai pu me fendre la poire avec ça !! Ensuite, voyant que la chorégraphie ne me faisait plus tellement rire, il me prenait les deux mains et appuyait sur mon ventre avec en criant : "Moi j'ai un ... gros bidou bidou bidou !". J'étais plié en  deux !! Et en ce moment, il s'amuse à me faire voler.

Ah, ce papa ! Tous les moyens sont bons pour me faire rigoler, même pendant le repas !!

J'ai le droit à des pauses tendresse avec papa. Hier, on a pris notre bain tous les deux pour la première fois. Je serais bien resté plus longtemps.

Un papa, c'est unique et c'est pour la vie !! C'est une relation totalement différente de celle d'une maman et de son fils, mais c'est tout aussi sincère et merveilleux. Ce n'est pas un hasard si je suis arrivé le jour de la fête des pères. 

La grande question qui s'est posée était de savoir si j'allais prendre les yeux bleus de papa ou plutôt les yeux verts de maman. 

Dès la naissance, il est apparu évident que je n'aurais pas les yeux aussi clairs que ceux de papa. Les yeux bleux se voient tout de suite apparemment.

Lors du troisième RDV chez le pédiatre, cette dernière nous a dit que j'avais un oeil marron et l'autre bleu. Papa maman étaient perplexes car ils n'avaient jamais remarqué la différence de couleur entre les deux.

Le temps passe, au fur et à mesure que ma vision devient nette, mes yeux perdent le voile qui les protègent les premiers mois. Il semblerait donc que j'ai les yeux qui se rapprochent davantage de ceux de maman.

Téléphones, télévisions, ordinateurs... Ça me connait moi !

Je ne résiste pas à l'envie de m'installer confortablement dans le canapé et de zapper sur les genoux de papa ou maman ou bien de consulter les mails de ces derniers. Bien sûr papa maman m'ont assez rabâché que ce n'était pas bon pour moi et mes petits yeux fragiles. Mais qu'importe, lorsque j'échappe à leur vigilance ou que je suis tranquillement dans mon parc à faire semblant de jouer, je jète des coups d'oeil en direction de la télévision.

J'arrive même à piquer la télécommande pour m'en servir à ma guise, et lui lâcher mon plus beau filet de bave dessus.

Je suis aussi un adepte du téléphone portable, la lumière qu'il dégage m'attire l'oeil.

Il permet, en effet, de se sentir aussi proche que possible de sa famille qui est à plusieurs kilomètres de là. En général, quand maman appelle la famille, j'essaye de me faire entendre en gazouillant.

C'est très souvent que maman se sert de son téléphone pour me prendre en photo ou nous prendre en photo. C'est rigolo je me vois dedans.

C'est comme avec un miroir, papa maman ont pris l'habitude de me montrer mon reflet dans le miroir, et ma bille de clown me fait rire ; du coup je me cache dans le cou de celui qui me tient pour rigoler. Je suis timide.

Cela fait quelques jours maintenant que j'ai du mal à m'endormir. D'ordinaire, je me couche entre 21h30 et 22h, et depuis le vaccin, je ne dors pas avant 23h (coïncidence ou pas ?). Toujours est-il que même si je suis fatigué, je refuse d'être dans mon lit. Papa maman ont beau me laisser pleurer dans mon lit avec mon mobile en marche : la faible lumière et la jolie musique qu'il dégage devraient suffire à me réconforter et à me bercer, mais rien n'y fait ! Ils finissent donc par me redescendre, ils me laissent me calmer, me remettent dans mon parc ou dans ma poussette pendant un moment et dès que je commence à m'agacer, signe de fatigue, ils me remettent au lit. Et c'est reparti pour pleurer... Si bien qu'ils se retrouvent à cours de solution et quelque peu agacés.

Ce soir, papa est parti se coucher plus tôt parce qu'il se lève tôt avec le travail et il est fatigué. Maman s'est donc occupée de moi. Elle m'a gardé avec elle et m'a parlé doucement pour me rassurer. Elle est montée dans ma chambre tout en continuant de me parler, m'a posé délicatement dans mon lit en m'embrassant tendrement sur le front et en me souhaitant une merveilleuse nuit. Elle a allumé ma veilleuse et est restée près de moi pour que je me sente rassurée par sa présence. Et je dois dire que ça a marché. La fatigue a pris le dessus et je me suis endormi paisiblement.

Je suis arrivé à une étape de ma vie où je commence à avoir mes premières peurs, quand je ne vois plus notamment. C'est effrayant de se retrouver dans le noir, on a l'impression que l'on pourrait se faire attaquer par des monstres sortis de sous notre lit. Papa maman m'ont promis qu'à l'avenir ils les chasseraient tous avant que j'aille dormir.